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heures de suite avec elle, sans qu’il n’eût une nouvelle raison de l’aimer davantage, et sans qu’il s’écartât un moment du respect qu’il lui devait. Elle était loin de ses parents, elle n’avait d’autre protecteur que lui, et cette jeune fille sans défense était à ses yeux un objet trop sacré, trop saint, pour qu’il n’eût pas rougi de lui exprimer un sentiment qu’elle aurait rougi d’entendre.

Avant de quitter Moscou, Élisabeth avait libéralement récompensé ses bons hôtes ; de même, en passant la Volga devant Casan, elle se ressouvint du batelier Nicolas Kisoloff ; elle demanda ce qu’il était devenu : on lui apprit que, par la suite d’une chute, il était tombé dans la plus profonde misère, gisant sur un grabat, au milieu de six enfants qui manquaient de pain. Élisabeth se fit conduire chez lui ; il l’avait vue pauvre et en lambeaux, elle revenait riche et brillante, il ne la reconnut pas. Elle tira de sa bourse la petite pièce qu’il lui avait donnée, elle la lui