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circulaire, profond et bordé de peupliers noirs et blancs, habitait une famille d’exilés. Elle était composée de trois personnes, d’un homme de quarante-cinq ans, de sa femme, et de sa fille, belle, et dans toute la fleur de la jeunesse.

Renfermée dans ce désert, cette famille n’avait de communication avec personne : le père allait tout seul à la chasse ; jamais il ne venait à Saïmka, jamais on n’y avait vu ni sa femme ni sa fille ; hors une pauvre paysanne tartare qui les servait, nul être au monde ne pouvait entrer dans leur cabane. On ne connaissait ni leur patrie, ni leur naissance, ni la cause de leur châtiment : le gouverneur de Tobolsk en avait seul le secret, et ne l’avait pas même confié au lieutenant de sa juridiction établi à Saïmka. En mettant ces exilés sous sa surveillance, il lui avait seulement recommandé de leur fournir un logement commode, un petit jardin, de la nourriture et des vêtements ; mais d’empêcher qu’ils n’eussent aucune communication au dehors, et