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en groupes, et laissaient éclater un murmure d’improbation contre la dureté des soldats. Élisabeth étend les bras, et s’écrie :

« Je le jure à la face du ciel, je n’ai point menti ; je viens à pied de par-delà Tobolsk pour demander la grâce de mon père, sauvez-moi, sauvez-moi, et que je ne meure du moins qu’après l’avoir obtenue. »

Ces mots remuent tous les cœurs ; plusieurs personnes s’avancent pour la secourir. Une d’elles dit aux soldats :

« Je tiens l’auberge de Saint-Basile sur la place, je vais y loger cette jeune fille ; elle paraît honnête, laissez-la venir avec moi. »

Les soldats, émus enfin d’un peu de pitié, ne la retiennent plus, et se retirent. Élisabeth embrasse les genoux de son protecteur ; il la relève, et la conduit dans son auberge à quelques pas de là.

« Je n’ai pas une seule chambre à te donner, dit-il, elles sont toutes occupées ; mais, pour une nuit, ma femme te recevra dans la sienne ; elle est bonne, et se gênera sans peine pour t’obliger. »