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s’approcha d’Élisabeth, et lui demanda pourquoi elle restait là. L’air dur et sauvage de ces soldats la glaça de terreur ; elle fondit en larmes sans avoir le courage de répondre un seul mot. Les soldats peu émus de ses pleurs, l’entourèrent en répétant leur question avec une insolente familiarité. La jeune fille répondit alors d’une voix tremblante :

« Je viens de par-delà Tobolsk pour demander à l’Empereur la grâce de mon père, j’ai fait la route à pied, et comme je ne possède rien, personne n’a voulu me recevoir. »

À ces mots, les soldats éclatèrent de rire, en taxant son histoire d’imposture. L’innocente fille, vivement alarmée, voulut s’échapper ; ils ne le permirent pas, et la retinrent malgré elle.

« Ô mon Dieu ! ô mon père ! s’écria-t-elle avec l’accent du plus profond désespoir, ne viendrez-vous pas à mon secours ? Avez-vous abandonné la pauvre Élisabeth ? »

Pendant ce débat, des hommes du peuple attirés par le bruit, s’étaient rassemblés