Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 12.djvu/196

Cette page n’a pas encore été corrigée

dompta la fierté de son cœur : une main sur ses yeux, elle avança l’autre vers le premier passant, et lui dit :

« Au nom du père qui vous aime, de la mère de qui vous tenez le jour, donnez-moi de quoi payer un gîte pour cette nuit. »

L’homme à qui elle s’adressait la regarda avec curiosité à la lueur du feu.

« Jeune fille, lui répondit-il, vous faites là un vilain métier ; ne pouvez-vous pas travailler ? À votre âge on devrait savoir gagner sa vie ; Dieu vous aide, je n’aime point les mendiants. »

Et il passa outre.


L’infortunée leva les yeux au ciel comme pour y chercher un ami : fortifiée par la voix consolante qui s’éleva alors dans son cœur, elle osa réitérer sa demande à plusieurs personnes. Les unes passèrent sans l’entendre, d’autres lui donnèrent une si faible aumône, qu’elle ne pouvait suffire à ses besoins. Enfin, comme la nuit s’avançait, que la foule s’écoulait, et que les feux allaient s’éteindre, la garde qui veillait aux portes du palais, en faisant sa ronde sur la place,