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des tempêtes ! Cependant, elle n’est point humiliée, car elle n’oublie jamais que Dieu est témoin de ses sacrifices, et que le bonheur de ses parents en est le but : mais elle ne s’enorgueillit pas non plus ; trop simple pour croire qu’en se dévouant à toutes les misères en faveur de ses parents, elle fasse plus que son devoir, et trop tendre peut-être pour ne pas trouver un secret plaisir à souffrir beaucoup pour eux.

Cependant, de tous côtés les cloches s’ébranlent, de tous côtés Élisabeth entend retentir le nom de l’Empereur. Des coups de canon, partis de Moscou, viennent l’épouvanter ; jamais un tel bruit n’avait frappé ses oreilles. D’une voix timide elle en demanda la cause à des gens couverts d’une riche livrée, qui se pressaient autour d’une voiture renversée.

« C’est l’Empereur qui fait sans doute son entrée à Moscou, lui dirent-ils.

— Comment ! reprit-elle avec surprise ; est-ce que l’Empereur n’est pas à Pétersbourg ? »

Ils haussèrent les épaules d’un air de pitié,