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vint lui ouvrir :

« Pauvre jeune fille ! lui dit-elle, émue de sa profonde détresse, d’où viens-tu, à ton âge, ainsi seule, transie et couverte de neige ? »

Élisabeth répondit comme à son ordinaire :

« Je viens de par-delà Tobolsk, et je vais à Pétersbourg demander la grâce de mon père. »

À ces mots, un homme qui avait la tête penchée dans ses mains, la releva tout à coup, regarda Élisabeth avec surprise :

« Que dis-tu ? s’écria-t-il ; tu viens de la Sibérie dans cet état, dans cette misère, au milieu des tempêtes, pour demander la grâce de ton père ?… Ah ! ma pauvre fille ferait comme toi peut-être ; mais on m’a arraché de ses bras sans qu’elle sache où l’on m’emmène, sans qu’elle puisse solliciter pour moi ; je ne la verrai plus, j’en mourrai… On ne peut pas vivre loin de son enfant… »

Élisabeth tressaillit.

« Monsieur, reprit-elle vivement, j’espère qu’on peut vivre quelque temps loin de son enfant.

— Maintenant que je connais mon sort, continua l’exilé, je pourrais en