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est pour elle un objet de regret, tout lui fait sentir l’importance du bien qu’elle a perdu. Si un paysan, un voyageur curieux la regarde et l’interroge, elle n’a plus son vénérable protecteur pour commander le respect ; si la fatigue l’oblige à s’asseoir, et qu’un kibick vide vienne à passer, elle n’ose point l’arrêter, dans la crainte d’un refus ou d’une insulte ; d’ailleurs, ne possédant que trois roubles, elle aime mieux qu’ils lui servent à retarder le moment d’avoir recours aux aumônes, qu’à lui procurer la moindre commodité : aussi se refuse-t-elle maintenant les légères douceurs que le bon missionnaire lui procurait souvent. Elle choisit toujours pour s’abriter les plus pauvres asiles, et se contente du plus mauvais lit et de la nourriture la plus grossière.

Ainsi, cheminant très lentement, elle ne put arriver à Casan que dans les premiers jours d’octobre. Un grand vent de nord-ouest soufflait depuis plusieurs jours, et avait amassé beaucoup de glaçons sur