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d’œil de surprise sur cette jeune fille qui pleurait auprès de ce moine mort ; d’autres la regardaient avec pitié, mais les maîtres de l’auberge, occupés seulement de se faire payer les misérables aliments qu’ils avaient fournis, trouvèrent avec joie dans la robe du missionnaire la bourse que, dans sa douleur, Élisabeth n’avait pas songé à prendre ; ils s’en emparèrent, et dirent à la jeune fille qu’ils lui rendraient le reste quand ils se seraient remboursés de leurs frais et de ceux de l’enterrement.

Bientôt les popes arrivèrent avec leurs flambeaux et leur suite ; ils jetèrent un grand drap sur le corps du mort : la pauvre Élisabeth fit alors un cri douloureux. Obligée de quitter la main roidie de son guide qu’elle tenait toujours, elle dit un dernier adieu à cette figure vénérable, qui respirait déjà une sérénité divine, et se précipita à genoux dans le coin le plus obscur de la chambre. Là, baignée de larmes, la tête couverte d’un mouchoir, comme pour se cacher ce monde désert où