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fini pour lui sur la terre. Ah ! ce n’est pas quand on a employé soixante ans à travailler pour Dieu, qu’on peut craindre la mort ; mais comment ne pas regretter un peu la vie, quand il y reste beaucoup de bien à faire ?

« Mon Dieu, disait-il à voix basse, je ne murmure point contre votre volonté ; mais si vous m’aviez permis de conduire cette pauvre orpheline jusqu’au terme de son voyage, il me semble que je serais mort plus tranquille. »

Élisabeth avait allumé un flambeau de résine, et demeura debout toute la nuit pour soigner son malade. Un peu avant le jour, elle s’approcha pour lui donner à boire ; le missionnaire, prévoyant qu’avant peu il ne serait plus en état de parler, se souleva sur son séant, prit le verre des mains de la jeune fille, et, l’élevant vers le ciel, il dit :

« Mon Dieu, je la recommande à celui qui nous a promis qu’un verre d’eau offert en son nom ne serait pas un bienfait perdu. »

Ces mots révélèrent à Élisabeth toute l’évidence d’un malheur que jusqu’alors elle