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commençaient à effrayer Élisabeth. Elle demanda un médecin, il n’y en avait point à Sarapoul ; et comme elle vit que les gens de la maison ne prenaient aucune part à l’état du pauvre mourant, elle fut réduite à n’avoir recours qu’à elle-même pour le soulager. D’abord elle attacha contre la croisée un lambeau de vieille tapisserie qui pendait le long du mur ; ensuite elle alla cueillir dans les champs de la réglisse à gousses velues, ainsi que des roses de Gueldre, et puis les mêlant, comme elle l’avait vu pratiquer à sa mère, avec des feuilles du cotylédon épineux, elle en fit une boisson salutaire qu’elle apporta au pauvre religieux. A mesure que la nuit approchait, son état empirait de plus en plus, et la malheureuse Élisabeth ne pouvait plus retenir ses larmes. Quelquefois elle s’éloignait pour étouffer ses sanglots ; au fond de son grabat le bon père les entendait, et il pleurait sur cette douleur qu’il ne pouvait pas soulager, car il sentait qu’il ne se relèverait plus, et que tout était