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fut assez pour Phédora, elle ne demanda plus rien ; elle était sûre que le mot de départ venait d’être prononcé, et elle ne voulait pas l’entendre ; car le moment où l’on oserait en parler devant elle serait celui où il faudrait y donner son consentement, et elle espérait que, tant qu’elle ne l’aurait pas donné, sa fille n’oserait pas partir.

Springer ramasse toutes ses forces ; il voit qu’il aura à soutenir le lendemain et le départ de sa fille, et la douleur de sa femme ; il ne sait point s’il survivra au sacrifice qu’il va faire, sacrifice auquel il ne peut se résoudre que par excès d’amour pour sa fille, et il a l’air de le recevoir ; il la remercie de son dévouement ; et, cachant ses larmes au fond de son cœur, il feint d’être heureux pour donner à son Élisabeth la seule récompense digne de ses vertus.

Ah ! dans ce jour-là, que d’émotions secrètes, de sentiments inaperçus, de caresses vives et déchirantes entre les parents et leur fille ! Le missionnaire cherchait à fortifier les courages, en rappelant toutes les