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s’est contentée du suffrage des hommes et du sceptre de l’univers.

Le bon père apprit ensuite aux exilés que, rappelé par ses supérieurs, il retournait à pied dans l’Espagne, sa patrie. Pour s’y rendre, il avait à traverser encore la Russie, l’Allemagne et la France ; mais il disait que c’était peu de chose. Celui qui vient de voyager dans les déserts, qui pour tout abri trouvait un antre, pour tout oreiller une pierre, pour toute nourriture un peu de farine de riz délayée dans de l’eau, doit se croire au terme de ses fatigues en arrivant chez des nations civilisées ; et pour le père Paul, c’était être déjà dans sa patrie que d’être chez des peuples chrétiens. Il racontait des choses extraordinaires des maux qu’il avait soufferts, des difficultés qu’il avait essuyées, lorsqu’après avoir dépassé les grandes murailles de la Chine, il s’était enfoncé dans l’immense Tartarie. Il disait encore comment, à l’entrée des vastes déserts de la Soongorie, qui appartiennent à la Chine et lui servent de limites