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plus encore par ses vertus ; il avait vécu parmi les sauvages, dont il avait adouci les mœurs ; il avait réuni des hordes errantes, qui tenaient de lui les premières notions de l’agriculture. Ainsi des landes changées en champs fertiles, des hommes devenus doux et humains, des familles auxquelles les noms de père, d’époux et d’enfants n’étaient plus étrangers, et des cœurs qui s’élevaient à Dieu pour le bénir de tant de bienfaits, étaient le fruit des soins d’un seul homme. Ah ! ces gens-là ne disaient point du mal des missions ; ils ne disaient point que la religion qui les commande est une religion sévère et tyrannique ; ils ne disaient point surtout que les hommes qui la pratiquent avec cet excès de charité et d’amour, sont des hommes inutiles et ambitieux. Mais pourquoi ne pas dire qu’ils sont ambitieux ? En se dévouant au service de leurs frères, n’aspirent-ils pas au plus grand prix possible ? ne veulent-ils pas plaire à Dieu et gagner le ciel ? L’ambition des plus célèbres conquérants ne s’est jamais élevée si haut ; elle