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mère. Je fus traîné dans les prisons de Pétersbourg ; Phédora m’y suivit : la permission de s’y enfermer avec moi fut la seule grâce qu’elle put obtenir. Nous vécûmes près d’une année dans ces affreux cachots, privés d’air, presque du jour, mais non pas d’espérance. Je ne pouvais croire qu’un monarque juste n’excusât pas un citoyen d’avoir soutenu les droits de sa patrie, et qu’il ne se fiât pas à la promesse que je lui donnais de demeurer soumis ; j’avais trop bien présumé des hommes, je fus jugé sans être entendu, et exilé pour la vie en Sibérie. Ma fidèle compagne ne m’abandonna point, et je dois dire qu’en m’accompagnant ici, elle avait l’air d’écouter plus encore son cœur que son devoir ; si j’eusse été envoyé dans les ténèbres glacées de l’affreux Beresof, dans les solitudes perdues du lac Baïkal ou du Kamchatka, je n’y aurais pas été seul encore ; il n’est point de désert, il n’est point d’antre si sauvage où ma Phédora ne