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nous mourir ici ? la priverons-nous du bonheur de donner le jour à des enfants qui lui ressemblent ? Prends courage, ma bien-aimée ; et puisqu’il n’existe nul autre moyen de la rendre à ce monde dont elle sera la gloire, laissons-la partir. »

Dans ce moment, la mère l’emporta sur l’épouse, et, pour la première fois de sa vie, Phédora s’éleva contre la plus sainte autorité :

« Non, non, je ne la laisserai pas partir ; en vain mon époux le demande, je saurai lui résister. Quoi ! j’exposerais la vie de mon enfant ! je laisserais partir mon Élisabeth, pour apprendre un jour qu’elle a péri de froid et de misère dans d’affreux déserts, pour vivre sans elle, pour la pleurer toujours ! voilà ce qu’on ose exiger d’une mère ! Ô Stanislas ! devais-tu m’apprendre qu’il est un sacrifice que je ne puis te faire, et une douleur dont tu ne me consolerais pas ! »

En parlant ainsi, elle ne pleurait plus, et était comme dans un état de délire. Springer, le cœur déchiré de sa peine, s’écria :