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n’avait point reculé devant une belle action, et des vertus supérieures à son courage ne s’étaient point présentées à elle… Je ne croyais pas être faible, ô ma fille ! tu viens de m’apprendre que je le suis : non, je ne puis consentir à ce que tu veux. »

Ranimée par ce refus, Phédora prit les mains de sa fille entre les siennes, et lui dit :

« Écoute-moi, Élisabeth ; si ton père est faible, tu peux bien permettre à ta mère de l’être aussi ; pardonne-lui de ne pouvoir se résoudre à te laisser déployer tant de vertus. Étrange situation, où une mère demande à sa fille d’être moins vertueuse ; mais ta mère te le demande ; elle ne te l’ordonne point ; car, en t’élevant au-dessus de tout, tu as mérité de ne plus recevoir d’ordres que de toi-même.

— Ma mère, reprit Élisabeth, les tiens me seront toujours sacrés ; si tu me demandes de rester ici, j’espère avoir la force de t’obéir ; mais puisque mon dessein t’a touchée, laisse-moi espérer qu’il aura ton assentiment : il n’est