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femmes auteurs, il me semble, si toutefois leurs livres ne sont pas un piege, qu’on peut avancer qu’elles ont infiniment plus d’esprit que de talent, à la différence de madame Cottin, qui exprimait si bien tout ce qu’elle entendait, et qui peignait si bien tout ce qu’elle voyait. Horace dit, en parlant de Sapho, que les flammes échappées de ses doigts vivent encore dans les cordes de sa lyre. C’est donc le véritable signe du talent que ce caractère de vie qui anime et colore tout ce qu’il touche ; mais une femme sans talent est la marâtre de son esprit, elle ne sait que tuer ses idées.

Il est curieux de rechercher comment il est possible, avec beaucoup d’esprit et d’instruction, de la pénétration, de la finesse, une belle âme, de la raison, un caractère sage, réfléchi, et les meilleurs principes, comment, dis-je, il est possible qu’une personne, avec tant de dons naturels et tant de qualités acquises, mûries et perfectionnées par une étude constante et par l’expérience, n’ait jamais pu écrire deux pages de suite, ou très-agréables, ou parfaitement raisonnables. Il y a pour les écrivains deux genres de prétentions si fatigantes l’une et l’autre, que jusqu’ici on ne les a point encore vues réu-