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avait mis en jeu toutes les passions ; qui avait puisé dans toutes les sources de la nature physique et morale ; qui avait éclairé ses poésies du flambeau de toutes les connaissances contemporaines ; qui avait connu toutes les sciences, tous les arts ; pour lequel les profondeurs

    ques portions des chants d’Oisin, qui, sur divers points de fait, coïncident admirablement avec les Sagals Scandinaves, se sont probablement conservés dans la même langue des Bardes ses successeurs ; mais beaucoup de poëmes très-postérieurs à ce véritable Ossian auront été décorés de son nom, comme les faux orphiques ont reçu celui d’Orphée. Il faut même que plusieurs poëmes soient postérieurs à l’introduction du christianisme, et même aux siècles de la chevalerie, ou du moins qu’ils aient subi, postérieurement à ces époques, de fortes altérations. C’est la seule supposition qui puisse expliquer comment il s’y trouve des allusions à des idées trop relevées et à des mœurs trop raffinées pour une nation sauvage comme les anciens Calédoniens l’étaient. Cette teinture de civilisation moderne est l’argument le plus fort que les anti-ossianiques aient produit contre l’authenticité des pièces galliques ; c’est le point auquel M. Graham, l’avocat le plus habile du parti ossianique, répond de la manière la moins satisfaisante.