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M. Prior entra, un recueil de papiers sous le bras. « Que nous apportez-vous là ? lui demanda mistriss Birton. — Toutes les poésies galliques que j’ai pu recueillir, madame. — Ah ! fi ! interrompit miss Melmor : comment avez-vous eu le courage d’écrire toutes ces psalmodies ? — Et comment se peut-il que vous donniez un pareil nom aux sublimes ouvrages qui ont immortalisé le nom d’ossian ? s’écria M. Prior. Est-ce sur la terre qui le porta, au milieu de ces montagnes qui vivront encore par son génie quand la main du temps les aura détruites ? Est-ce sur le sol de l’ancienne Calédonie, enfin, qu’on ose porter atteinte à la gloire du fils de Fingal ? Ne craignez-vous pas… — Que l’esprit des collines, monté sur un coursier de vapeurs, ne me transperce de sa lance de brouillard, interrompit miss Melmor en ricanant ? Non, en vérité ; et quand le soir viendra, que le vent soufflera dans la forêt, que les météores s’élèveront du sein du lac, et que les dogues hurleront dans la basse-cour, ce ne sera pas de la colère d’Ossian que je serai effrayée. — Miss Melmor, lui dit mistriss Birton avec un peu de hauteur, pour se mêler de juger un pareil ouvrage, il faut être en état