lon des illusions, elle écrivait sous la dictée de son cœur ces charmantes compositions dans lesquelles les efforts du bel-esprit ne sont pour rien : nourrie de la lecture de Fénélon, dont elle a plus d’une fois reproduit dans ses ouvrages les formes de style, personne n’écrit avec plus de charme que madame Cottin ; la langue du cœur n’a, sous sa plume, rien d’affecté, rien que de naturel : une légère teinte de mélancolie, nuancée avec beaucoup d’art, colore toutes les pensées, tous les sentimens de l’auteur. Son pinceau, ordinairement fin et délicat, devient chaud et vigoureux quand le sujet le commande. Qui mieux qu’elle a su peindre l’amour aux prises avec le devoir ? quel lecteur n’a pas donné des pleurs à la malheureuse Claire d’Albe, succombant, après un long combat, dans cette lutte inégale ? qui de nous ne lui a pas remis sa faute, avant même qu’elle l’ait commise ? Elle n’est pas encore coupable, que déjà elle est pardonnée. Le lecteur a suivi, avec un plaisir mêlé de peine, la passion qui doit la consumer ; arrivé au dénoûment de l’ouvrage, il craint d’en lire le récit ; et quoique préparé depuis long-temps au triomphe de la nature, ses yeux se remplissent tout à coup de larmes… Ce n’est
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