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écrire que lorsqu’il ne lui fut plus possible de faire autre chose : réduite au rôle subalterne d’une vieille intrigante délaissée, elle chercha dans les ressources de son esprit un refuge contre les souvenirs de son cœur : elle sembla n’écrire que pour se distraire du soin de penser : c’était pour elle une nécessité plus encore qu’un plaisir.

Je n’ai point entrepris de rechercher les causes qui ont déterminé tant de femmes, de nos jours, à se faire auteurs : elles y ont été engagées par tant de motifs différens, qu’il faudrait, pour reconnaître la vérité au milieu de tant d’intérêts divers, une sagacité que nous n’avons pas. Il semblerait qu’à l’exemple de Vadius et de Trissotin, qui sont les doyens de leurs admirateurs, elles aient demandé à être enfermées chacune dans une chambre séparée, pour savoir laquelle d’entre elles aurait le plus tôt écrit un livre, tant est grande la rapidité avec laquelle leurs ouvrages se succèdent les uns aux autres : à peine si elles donnent à leurs amis le temps de les lire. J’en connais qui ne prennent même pas le soin de les lire elles-mêmes, sans doute pour aller plus vite. Je ne dirai rien de celles qui abandonnent à leurs