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voir, ce sont autant de lâchetés que le noble courage de madame de Genlis a toujours méprisées. Mais pourquoi n’a-t-elle pas étouffé avec la même intrépidité le sentiment secret qui lui a dicté cette odieuse diatribe contre une femme dont les talens supérieurs sont, pour le sexe dont elle a entrepris de réhabiliter la gloire littéraire dans l’énorme compilation qu’elle a publiée sous le titre d’Influence des femmes sur la littérature française, un argument beaucoup plus fort que tout ce qu’elle a pu écrire ?

Il est des êtres qui abhorrent l’obscurité, qui craignent tout ce qui humilie, et qui, en dépit du sort, se créent une existence. Madame de Genlis en a reçu une de cette trempe. Un esprit alors plus docile, mais déjà fort caustique, reprenait en sous-œuvre ceux que la musique avait fatigués ou laissés sans enthousiasme, ou achevait des conquêtes que l’art avait ébauchées. Si tous les deux échouaient, le cœur s’en mêlait, et il s’exprimait comme s’il eût senti. La nature donne d’ailleurs des organes officieux qui parlent son langage, et, au besoin, remplacent les grandes facultés de l’âme. Comme femme, madame de Genlis a