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n’a cherché qu’à colorer le vice du charme de la vertu ?… Toutes les règles invariables du roman passionné se trouvent dans celui-ci : incorrection de style, phrases inintelligibles, impropriété d’expressions, fureurs d’amour ; un jeune homme vertueux forcené ; une femme céleste, s’humiliant, se prosternant dans la poussière aux pieds de son amant ; des adultères parlant toujours du ciel, de la vertu, de l’éternité ; tous les confidens et les sages du roman admirant avec enthousiasme ces deux personnages ; les passions divinisées, alors même qu’elles font commettre des crimes ; et enfin le suicide attribué au héros et comme une grande action !… Voilà ce qui compose Claire d’Albe, premier modèle du genre, qui a produit tant d’autres romans, dans lesquels on a servilement copié toutes ces extravagances. Que dire de ceux qui, n’étant point égarés par leur propre imagination, c’est-à-dire n’inventant rien, ont eu le double mauvais goût d’admirer de telles choses et de les imiter ? »

Dans son troisième ouvrage (Amélie Mansfield), l’auteur, par un caprice malheureux, retombe dans le genre créé par elle : l’héroïne est passionnée jusqu’à la fureur la plus extra-