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sincèrement le temps où, ignorée du public, son existence se renfermait dans sa famille et dans le cercle de ses amis. Le soin qu’elle apportait à revoir ses ouvrages, à les corriger, à faire les changemens, les coupures, les additions que la critique ou son goût lui avait indiquée, prouve que, loin de se montrer rebelle à la critique, elle approuvait les jugemens les plus sévères, profitait des conseils qu’elle trouvait dans les journaux, comme de ceux qu’elle recevait de ses amis.

Qui n’a pas été surpris de voir que, de tant d’Aristarques qui font, dans les gazettes, le métier de régenter les auteurs, nul ne s’est montré aussi sévère envers madame Cottin qu’une femme. Tout ce que la critique a de plus amer, elle l’a employé pour faire ressortir les défauts qu’elle a voulu trouver dans ses ouvrages. « Claire d’Albe est, à tous égards, un mauvais ouvrage, sans intérêt, sans imagination, sans vraisemblance et d’une immoralité révoltante ; c’est le premier roman où l’on ait représenté l’amour délirant, furieux et féroce, et une héroïne vertueuse, religieuse, angélique, et se livrant sans mesure et sans pudeur à tous les emportemens d’un amour effréné et