cette délicatesse au-dessus de ce qu’on doit attendre d’un simple villageois. La femme baissa les yeux sans rien répondre ; et, comme le château du mari suicidé n’était pas celui que nous cherchions, nous fûmes obligés de retourner à notre auberge dans le village. Dépourvue de beauté, dit dans un endroit lady Morgan, n’ayant presque aucune de ces grâces qui en tiennent lieu, madame Cottin inspira deux passions ardentes et fatales, qui ne finirent qu’avec la vie de ceux qui les avaient conçues. Son jeune parent, M. D***., se tua d’un coup de pistolet, dans son jardin ; et son rival, sexagénaire, et non plus heureux, M***, s’empoisonna de honte, dit-on, d’éprouver une passion sans espérance, et qui ne convenait pas à son âge.
Dans l’espace de huit ans, madame Cottin a publié cinq romans. La Prise de Jéricho, qui parut en 1802, dans les Mélanges de Littérature de M. Suard, doit être considérée comme le premier ouvrage de cette femme célèbre, quoique nous ne sachions pas précisément à quelle époque il fut composé. C’est un petit poëme en prose, qui se distingue par le style et par les détails, mais dont le plan est