traits bien prononcés donnent à chacune d’elles une physionomie tout-à-fait différente. Douées d’une sensibilité profonde et vraie, elles cèdent un peu facilement, peut-être, à l’impression que produit sur elles la première vue de l’homme dont elles doivent être éprises. Leur imagination est subitement frappée : l’amour est toujours spontané ; il n’est besoin ni de soins, ni de séductions : un coup-d’œil, un instant suffisent pour les enflammer, et l’auteur n’a plus qu’à décrire les progrès et les développemens d’une passion combattue par le devoir ou traversée par divers incidens. Toutes ces héroïnes ont une grâce et une amabilité parfaite ; ces n’est point précisément par le portrait qu’en fait l’auteur, qu’elles plaisent, c’est par leur ensemble, par leur façon d’être ; elles ont un charme, un je ne sais quoi qu’on ne saurait définir, et qui les rend on ne peut plus séduisantes. Tout entières à la passion qui les entraîne, madame Cottin les met sans pitié dans des situations où leur vertu a de fort grands risques à courir. Loin d’éviter le détail de ces scènes brûlantes, et par conséquent délicates à traiter, elle se complaît à prolonger les situations, à exposer les héroïnes à toute l’impétuo-
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