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veut parler et ne peut articuler un mot ; la violence de la douleur a suspendu son être. Claire, toujours immobile, les bras étendus vers lui, laisse échapper le nom de Frédéric : à cette fois il retrouve la chaleur et la vie, et saisissant sa main décolorée : « Non, s’écrie-t-il, tu ne l’as pas cru que Frédéric ait cessé de t’aimer. Non, ce blasphème horrible, épouvantable, a été démenti par ton cœur. Ô ma Claire ! en te quittant, en renonçant à toi pour jamais, en supportant la vie pour t’obéir, j’avais cru avoir épuisé la coupe amère de l’infortune ; mais si tu as douté de ma foi, je n’en ai goûté que la moindre partie… Parle donc, Claire, rassure-moi, romps ce silence mortel qui me glace d’effroi. » En disant ces mots, il la pressait sur son sein avec ardeur. Claire, le repoussant doucement, se lève, fixe les yeux sur lui, et le parcourant long-temps avec surprise : « Ô toi, dit-elle, qui me présentes l’image de celui que j’ai tant aimé, toi, l’ombre de ce Frédéric dont j’avais fait mon Dieu ! dis, descends-