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déshonoré mon amie : sans égard pour ce qu’elle fut, il la juge à la rigueur sur de trompeuses apparences, mais ne distingue pas la femme tendre et irréprochable de la femme adultère. Eh ! quand ma Claire retrouverait toutes ses forces contre l’amour, en aurait-elle contre la perte de l’estime publique ? Celle qui la respecta toujours, qui la regardait comme le plus bel ornement de son sexe, pourrait-elle vivre après l’avoir perdue ? Non, Claire, meurs, quitte une terre qui ne sut pas te connaître, et qui n’était pas digne de te porter : abreuvée de larmes et d’outrages, va demander au ciel le prix de tes douleurs, et que les anges, empressés auprès de toi, ouvrent leurs bras pour recevoir leur semblable.

Ici finissent les lettres de Claire ; le reste est un récit écrit de la main d’Élise. Sans doute elle en aura recueilli les principaux traits de la bouche de son amie, et elle les aura confiés au papier, pour que la jeune Laure, en les lisant un jour, pût se préserver des passions dont sa déplorable mère avait été la victime.