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LETTRE XLV.


ÉLISE À M. D’ALBE.


Ô mon cousin ! Frédéric est parti, et je suis sûre qu’il est allé chez vous, et je tremble que cette lettre, que je vous envoie par un exprès, n’arrive trop tard, et ne puisse empêcher les maux terribles qu’une explication entraînerait après elle. Comment vous peindre la scène qui vient de se passer ? Aujourd’hui, pour la première fois, Frédéric m’a accompagnée dans une maison étrangère : muet, taciturne, son regard ne fixait aucun objet, il semblait ne prendre part à rien de ce qui se faisait autour de lui, et répondait à peine quelques mots au hasard aux différentes questions qu’on lui adressait. Tout à coup un homme inconnu prononce le nom de madame d’Albe, il dit qu’il vient de chez elle, qu’elle est mal, mais très-mal… Frédéric jette sur moi un œil