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souvent été exposée à rencontrer l’homme de lettres qui, possédant à fond la superficie de toutes les sciences, décide toutes les questions en dictateur, évite la raison par tous les sentiers du bel-esprit, et la remplace, sans la faire oublier, par tout l’éclat de l’expression. Il n’est sans caractère que parce qu’il est sans fortune. Ennemi né de toutes les grandeurs humaines, il tonne publiquement contre les ministres et les gens en place, ne pardonne qu’à l’autorité généreuse, et punit la tyrannie en se rangeant de son parti. Il méprise toutes les vertus, mais il ennoblit tous les vices. Il trouve l’amitié plate, la probité inutile, le courage dangereux, la franchise déplacée ; mais la calomnie n’est que de l’imagination, la fausseté que de la finesse, la lâcheté que de la prudence, et l’escroquerie que de l’adresse. Son grand art est de donner à tout un vernis séduisant. Il trace des noirceurs avec gaîté, il soutient des erreurs avec éloquence ; pour en jouir, il faudrait l’entendre sans le connaître, le lire sans l’analyser.

Elle y eût plus d’une fois rencontré la femme qui monte son caquet au ton des affaires présentes ; qui raisonne par tempérament, et n’agit plus que par grimaces ; qui intrigue pour un