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faisait sans effort ; il y a seulement un peu de trouble dans mes idées, et je sens qu’il m’arrive quelquefois de parler sans penser. Je crains que M. d’Albe n’ait imaginé qu’il y avait de la contrainte dans ma conduite, car il n’a cessé de me regarder avec tristesse et sollicitude ; le soir il a passé la main sur mon front, et l’ayant trouvé brûlant : « Vous n’êtes pas bien, Claire, m’a-t-il dit, je vous crois même un peu de fièvre ; allez vous reposer, mon enfant. — En effet, ai-je repris, je crois avoir besoin de sommeil. » Mais ayant fixé la glace en prononçant ces mots, j’ai vu que le brillant extraordinaire de mes yeux démentait ce que je venais de dire, et, tremblant que M. d’Albe ne soupçonnât que je faisais un mensonge pour m’éloigner de lui, je me suis rassise. « Je préférerais passer la nuit ici, lui ai-je dit, je ne me sens bien qu’auprès de vous. — Claire, a-t-il repris, ce que vous dites là est peut-être plus vrai que vous ne le pensez vous-même ; je vous connais bien, mon enfant,