possessions, et ne fait grâce de son érudition à aucune contrée de l’univers. Quelle impression aurait-elle éprouvée en entonnant pérorer cet apprenti législateur qui, à lui seul, enfante plus de projets patriotiques que tous les géomètres sur le pavé ? Il n’existe que pour gouverner ; il se renferme pour gouverner ; il ne s’éveille que pour gouverner, et il ne s’endort qu’en gouvernant. Il néglige jusqu’à son existence pour en donner une à la nation ; il mange sa fortune en imprimant des vues économiques ; il forme la patience des ministres, en leur prodiguant des plans d’administration, dont la profondeur donne heureusement le temps de réfléchir sur l’exécution. Un des grands mérites de ses idées, c’est qu’elles se combattent : et, dans la discussion, on ne le confond qu’en l’opposant à lui-même. Le seul défaut de cet honnête citoyen, c’est qu’en desirant le bien général, il veut absolument le faire, et qu’il n’accorde pas l’estime méritée à toutes les opérations qui lui sont étrangères. Mais combien d’erreurs ne doit-on pas pardonner à son zèle, en faveur de son inutilité ? Qu’aurait-elle pu dire de l’homme de cour qui n’est pas courtisan, mais qui ne peut quitter
Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/28
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.