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LETTRE XXX.


CLAIRE À FRÉDÉRIC.


Non, je ne vous verrai point ; trop de présomption m’a perdue, et je suis payée pour n’oser plus me fier à moi-même. Je vous écris, parce que j’ai beaucoup à vous dire, et qu’il faut un terme enfin à l’état affreux où nous sommes.

Je devrais commencer par vous ordonner de ne plus m’écrire, car ces lettres si tendres, malgré moi je les presse sur mes lèvres, je les pose contre mon cœur ; c’est du poison qu’elles respirent… Frédéric, je vous aime, je n’ai jamais aimé que vous ; l’image de votre bonheur, de ce bonheur que vous me demandez, et que je pourrais faire, égare mes sens et trouble ma raison ; pour le satisfaire, je compterais pour rien la vie, l’honneur et jusqu’à ma destinée future : vous rendre heureux et mourir après,