Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sentimens les plus opposés, pour me faire passer tout à coup de l’excès du bonheur à celui de l’infortune ? Ces yeux si touchans, qu’il est impossible de regarder sans la plus vive émotion, ces yeux qui n’appartiennent qu’à Claire, l’idole chérie de mon cœur, la première femme que j’aie aimée, la seule que j’aimerai jamais ; ces yeux où elle me permettait hier de lire l’expression de la tendresse, sont voilés aujourd’hui par la douleur et la sévérité ; et mon âme, où tu règnes despotiquement, mon âme, qui n’a maintenant plus de sentimens que tu n’aies fait naître, gémis de ta peine sans en connaître la cause. Ô ma douce, ma charmante amie ! garde-toi bien de te croire coupable, ni de t’affliger du bonheur que tu m’as donné ; le repentir ne doit point entrer dans une âme dont le mal n’approcha jamais. Toi, craindre le crime, Claire ! ton seul regard le tuerait. Femme adorée et trop craintive, oses-tu penser que la divinité qui te forma à son image, nous entraîne vers le vice par tout ce que la félicité a de plus doux ! Non,