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nous fasse ; c’est un mouvement grand, généreux, dont ton père t’offre souvent l’exemple, dont la seule idée m’attendrit, mais dont ton cousin ne pouvait pas te donner l’explication. » En disant ces derniers mots, que Frédéric seul a entendus, j’ai jeté sur lui un regard de dédain… Ô mon Élise ! il était pâle, des larmes roulaient dans ses yeux, tous ses traits exprimaient le désespoir ; mais, soumis à sa promesse de dissimuler toutes ses sensations devant mon mari, il continuait à causer avec une apparence de tranquillité. M. d’Albe, les yeux fixés sur un livre, ne remarquait pas l’état de son ami, et répondait sans le regarder. Pour moi, Élise, dès cet instant toutes mes résolutions furent changées ; je trouvai que j’avais été dure et barbare : j’aurais donné ma vie pour adresser à Frédéric un mot tendre qui pût réparer le mal que je lui avais fait, et, pour la première fois, je souhaitai de voir sortir M. d’Albe… Le jour baissait ; plongée dans la rêverie, j’avais cessé de causer ; et mon mari, n’y