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LETTRE XXIII.


CLAIRE À ÉLISE.


Ce matin, pour la première fois, je me suis présentée au déjeûner ; j’étais pâle et abattue. Frédéric était là, il lisait auprès de la cheminée : en me voyant entrer, il a changé de couleur, il a posé son livre et s’est approché de moi ; je n’ai point osé le regarder ; mon mari a avancé un fauteuil ; en le retournant, mes yeux se sont fixés sur la glace : j’ai rencontré ceux de Frédéric, et, n’en pouvant soutenir l’expression, je suis tombée sans force sur mon siége. Frédéric s’est avancé avec effroi. M. d’Albe, aussi effrayé que lui, m’a remise entre ses bras, pendant qu’il allait chercher des sels dans ma chambre. Le bras de Frédéric était passé autour de mon corps ; je sentais sa main sur mon cœur, tout mon sang s’y est porté : il le sentait battre avec violence.