Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

employer chaque instant de ma vie à vous imiter, en faisant le bonheur de mon père. Ce digne homme se plaît avec moi, il m’a prié de diriger les études de son fils ; Claire, je m’attache à votre maison, à votre sort, à vos enfans, je veux devenir une partie de vous-même, en dépit de vous-même : c’est là mon destin, je n’en aurai point d’autre ; ne me parlez plus de liens, de mariage, tout est fini pour moi, et ma vie est fixée.

Je vous promets de révérer en silence l’objet sacré de mon culte : dévoré d’amour et de desirs, ni mes paroles, ni mes regards ne vous dévoileront mon trouble ; vous finirez par oublier ce que j’ai osé vous dire, et je vous jure de ne jamais vous rappeler ce souvenir. Claire, si ma situation vous paraissait pénible, si votre tendre cœur était ému de compassion, ne me plaignez point ; il est dans votre dernier billet un mot !… Source d’une illusion ravissante, il m’a fait goûter un moment tout ce que l’humanité peut attendre de félicité ! Ô Claire ! Ne m’ôte point mon erreur ! qu’y gagnerais-