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savais pas tout ce qu’il en coûte pour la déguiser. Je crains les regards de mon mari, de cet ami que j’aime, et que mon cœur n’a pas trahi ; car le ciel m’est témoin que l’amitié seule m’intéresse au sort de Frédéric. Je crains qu’il ne m’interroge, qu’il ne me pénètre ; le moindre soupçon qu’il concevrait à cet égard me fait trembler ; le bonheur de sa vie entière serait détruit ; il faudrait éloigner ce Frédéric dont l’esprit et la société répandent tant de charmes sur ses jours ; il faudrait cesser d’aimer le fils de son adoption ; il faudrait jeter dans le vague du monde l’orphelin qu’il a promis de protéger ; il lui semblerait entendre sa mère lui crier d’une voix plaintive : « Tu t’étais chargé du sort de mon fils ; cette espérance m’avait fait descendre en paix dans la tombe, et tu le chasses de chez toi, sans ressources, sans appui, consumé d’un amour sans espoir ! Regarde-le, il va mourir : est-ce donc ainsi que tu remplis tes sermens ? » Élise, mon mari ne soutiendra jamais une pareille image. Plutôt que d’être