Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ton sein ; il a porté l’ivresse dans le mien ! » En disant cela, il m’a enlacée dans ses bras, ma tête est tombée sur son épaule, un déluge de larmes a été ma réponse ; l’état de ce malheureux m’inspirait une pitié si vive !… Ah ! quand on est la cause d’une pareille douleur, et que c’est un ami qui souffre, dis, Élise, n’a-t-on pas une excuse pour la faiblesse que j’ai montrée ?… J’étais si près de lui… J’ai senti l’impression de ses lèvres qui recueillaient mes larmes. À cette sensation si nouvelle j’ai frémi, et repoussant Frédéric avec force : « Malheureux ! me suis-je écriée, oublies-tu que ton bienfaiteur, que ton père est l’époux de celle que tu oses aimer ! Tu serais un perfide, toi ! Ô Frédéric ! reviens à toi, la trahison n’est pas faite pour ton noble cœur. » Alors, se levant vivement et me fixant avec effroi : « Qu’as-tu dit ? ah ! qu’as-tu dit, inconcevable Claire ? j’avais oublié l’univers près de toi ; mais tes mots, comme un coup de foudre, me montrent mon devoir et mon crime. Adieu, je vais