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ment. « Il est vrai, a-t-il répondu, c’est là son plus doux plaisir, et je vois qu’il n’appartient pas à tout le monde de savoir l’apprécier. Vous avez raison, Mademoiselle, il faut que chacun prenne la place qui lui convient : celle de madame d’Albe est d’être adorée en remplissant tous ses devoirs ; la vôtre est d’éblouir, et le bal doit être votre triomphe. » Adèle n’a vu qu’un éloge de sa beauté dans cette phrase ; j’y ai démêlé autre chose. Je vois trop que malgré les charmes séduisans d’Adèle, si son âme ne répond pas à sa figure, elle ne fixera pas Frédéric. Cependant, que ne peut-on pas espérer à son âge ! Élise, je veux mettre tous mes soins à cacher des défauts que le temps peut corriger. Nous sommes invitées dans trois jours à un autre bal ; si je n’y vais pas, Adèle me quittera encore, et Frédéric ne le lui pardonnera pas. Je suis donc décidée à l’accompagner ; d’ailleurs il est possible que la danse et le monde me distraient d’une mélancolie qui me poursuit et me domine de plus en plus. J’éprouve