malade. En finissant ma dernière lettre, je me sentais oppressée, triste, sans savoir pourquoi, et faisant une très-maussade compagnie à la vive et brillante Adèle. Je remettais chaque jour à t’écrire, à cause de l’abattement qui m’accablait ; enfin la fièvre m’a prise. J’ai craint que le dérangement de ma santé ne nuisît à ma fille, j’ai voulu la sevrer. Le médecin, tout en convenant que je faisais bien pour elle, m’a objecté que j’avais tort pour moi, parce que, dans un moment où les humeurs étaient en mouvement, le lait pouvait passer dans le sang, et causer une révolution fâcheuse. Mon mari a vivement appuyé cet avis : j’ai persisté dans le mien. À la fin, il s’est emporté, et m’a dit qu’il voyait bien que je ne me souciais ni de son repos, ni de son bonheur, puisque je faisais si peu de cas de ma vie ; qu’au surplus il me défendait de sevrer tout à coup. Je tenais ma fille entre mes bras, je me suis approchée de lui, et la mettant dans les siens : « Cette enfant est à vous, mon ami, lui ai-je dit, et vos droits
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