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pas ce qu’on appelle de la tournure, il a de la grâce, de l’adresse et de l’agilité : tout cela peut bien faire impression sur un cœur de seize ans. Depuis un an que je n’avais vu Adèle, elle est singulièrement embellie ; ses yeux sont noirs, vifs et brillans ; sa brune chevelure tombe en anneaux sur un cou éblouissant ; je n’ai point vu de plus belles dents ni des lèvres si vermeilles, et, sans être amant ni poète, je dirai que la rose humide des larmes de l’aurore n’a ni la fraîcheur ni l’éclat de ses joues ; son teint est une fleur, son ensemble est une Grâce. Il est impossible, en la voyant, de ne pas être frappé d’admiration ; aussi Frédéric la quitte-t-il le moins qu’il peut. Vient-il dans le salon, c’est toujours elle qu’il regarde, c’est toujours à elle qu’il s’adresse. Il a laissé bien loin toutes mes leçons de politesse, et le sentiment qui l’inspire lui en a plus appris en une heure que tous mes conseils depuis trois mois. À la promenade, il est toujours empressé d’offrir son bras à Adèle, de la soutenir si elle