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y avoir qu’une femme comme vous ; sans doute je me suis trompé, car j’ai besoin d’en trouver une qui vous ressemble. » Tu vois, Élise, que la fin de son discours a dû éloigner tout-à-fait les idées que le commencement avait pu faire naître. Puissé-je, ô mon amie ! lui aider à découvrir celle qu’il attend ! celle qu’il desire ! elle sera heureuse, bienheureuse ; car Frédéric saura aimer !

Il faut donc m’y résigner, chère amie : encore six mois d’absence ! six mois éloignée de toi ! Que de temps perdu pour le bonheur ! Le bonheur, cet être si fugitif que plusieurs le croient chimérique, n’existe que par la réunion de tous les sentimens auxquels le cœur est accessible, et par la présence de ceux qui en sont les objets ; un vide l’empêche de naître, l’absence d’un ami le détruit. Aussi ne suis-je point heureuse, Élise, car tu es loin de moi, et jamais mon cœur n’eut plus besoin de t’aimer et de jouir de ta tendresse. Je sais que, si l’amitié t’appelle, le devoir te retient, et je