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seau[1], n’aiment aucun art, ne se connaissent à aucun, et n’ont aucun génie. Elles peuvent réussir aux petits ouvrages qui ne demandent que de la légèreté d’esprit, du goût, de la grâce, quelquefois même de la philosophie et du raisonnement. Elles peuvent acquérir de la science, de l’érudition, des talens, et tout ce qui s’acquiert à force de travail ; mais ce feu céleste qui échauffe et embrase l’âme, ce génie qui consume et dévore ; cette brûlante éloquence, ces transports sublimes qui portent leurs ravissemens jusqu’au fond des cœurs, manqueront toujours aux écrits des femmes : ils sont tous frais et jolis comme elles ; ils auront tant d’esprit que vous voudrez, jamais d’âme ; ils seraient cent fois plutôt sensés que passionnés. Elles ne savent ni décrire ni sentir l’amour même. La seule Sapho, que je sache, et une autre, méritèrent d’être exceptées. Je parierais tout au monde que les Lettres portugaises ont été écrites par un homme. »

Ce qu’on vient de lire est dit des femmes en général ; mais voilà comment le même

  1. Note X de la lettre à d’Alembert, sur le danger d’établir un spectacle à Genève.