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long-temps quand j’ai fait plaisir à quelqu’un, parce qu’elle dit que je ressemblerai à mon papa… » Frédéric m’a regardée d’un air que je ne saurais trop définir, puis, mettant la main sur son cœur : « C’est singulier, a-t-il dit à part soi, cela m’a porté là. » Alors, sans ajouter un mot, ni me faire une excuse, il m’a quittée, et s’en est allé tout seul à la maison. À dîner, je l’ai plaisanté sur son peu de civilité, et j’ai prié M. d’Albe de le gronder de me laisser ainsi seule sur les grands chemins. « Auriez-vous eu peur ? a interrompu Frédéric : il fallait me le dire, je serais resté ; mais je croyais que vous aviez l’habitude de vous promener seule. — Il est vrai, ai-je répondu ; mais votre procédé doit me faire croire que je vous ennuie, et voilà ce qu’il ne fallait pas me laisser voir. — Vous auriez tort de le penser : j’éprouvais, au contraire, en vous écoutant, une sensation agréable, mais qui me faisait mal ; c’est pourquoi je vous ai quittée. » M. d’Albe a souri. « Vous aimez donc beaucoup ma femme, Frédéric ? lui a-