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même un tort ; mais crois-moi, Élise, il est rare, très-rare que je m’appuie d’une manière déterminée sur ce sujet ; la plupart du temps je n’ai, à cet égard, que des idées vagues et générales, et auxquelles je ne m’abandonne jamais. Tu aurais tort de croire qu’elles reviennent plus fréquemment à la campagne ; au contraire, c’est là que les occupations aimables et les soins utiles donnent plus de moyens d’échapper à soi-même. Élise, le monde m’ennuie, je n’y trouve rien qui me plaise, mes yeux sont fatigués de ces êtres nuls qui s’entre-choquent dans leur petite sphère pour se dépasser d’une ligne : qui a vu un homme n’a plus rien de nouveau à voir, c’est toujours le même cercle d’idées, de sensations et de phrases, et le plus aimable de tous ne sera jamais qu’un homme aimable. Ah ! laisse-moi sous mes ombrages ; c’est là qu’en rêvant un mieux idéal, je trouve le bonheur que le ciel m’a refusé. Ne pense pas pourtant que je me plaigne de mon sort. Élise, je serais bien coupable ; mon mari n’est-il pas le