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LETTRE III.


CLAIRE À ÉLISE.


Je suis seule, il est vrai, mon Élise, mais non pas ennuyée ; je trouve assez d’occupation auprès de mes enfans, et de plaisir dans mes promenades, pour remplir tout mon temps : d’ailleurs M. d’Albe devant trouver son cousin à Lyon, sera de retour ici avant dix jours ; et puis, comment me croire seule, quand je vois la terre s’embellir chaque jour d’un nouveau charme ? Déjà le premier né de la nature s’avance, déjà j’éprouve ses douces influences, tout mon sang se porte vers mon cœur, qui bat plus violemment à l’approche du printemps : à cette sorte de création nouvelle, tout s’éveille et s’anime ; le desir naît, parcourt l’univers et effleure tous les êtres de son aile légère : tous sont atteints et le suivent ; il leur ouvre la route du plaisir : tous, en-