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que tant de modestie a caché tant de talent. Madame Cottin cède enfin aux instances de ses amis, avides de connaître tout ce qui est sorti de cette plume si élégante, si spirituelle.

Ce fut alors seulement que madame Cottin se décida à leur lire quelques-uns de ses essais. Surpris qu’une femme qui possédait à un degré si éminent l’art d’exprimer ses idées, qu’une femme que l’imagination avait douée de ses plus riches trésors, eût mis, à cacher tant d’avantages, le soin que les autres femmes mettent à les montrer, alors même que la nature s’est rendue moins libérale à leur égard, ils regrettèrent qu’un style si animé, que des pensées si délicates, qu’une manière si heureuse d’exprimer les sentimens les plus secrets du cœur, ne fussent pas employés à la composition d’un ouvrage. Ce ne fut que vaincue par leurs instances, et faisant pour ainsi dire violence à la modestie en faveur de l’amitié, que madame Cottin se décida à écrire. On voit, dans la préface de Claire d’Albe, combien elle a combattu avant de rien livrer au public, avant même de s’exposer à la tentation, en mettant la dernière main à un ouvrage : elle ne peut dissimuler l’inquiétude qui l’agite ; elle ne fait que redire par