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elle voulait aller au-delà de son sexe : elle consentait qu’il y eût d’autres femmes d’esprit, mais elle leur laissait les fleurs et courait aux lauriers. Si j’avais à peindre une femme auteur, je lui donnerais pour premier attribut, de n’oublier jamais qu’elle est femme ; car si elle vient à l’oublier, comment les autres s’en souviendront-ils ? J’aimerais à voir percer, dans ses moindres phrases, une touchante retenue ; je voudrais, en la lisant, voir son sourire furtif, et ses larmes étouffées, et son aimable rougeur. Elle s’attacherait de préférence à toutes les doctrines qui ont leur source dans le cœur ; elle excellerait à donner aux passions indéfinies ces teintes vaporeuses qui leur sont propres ; l’idéal serait son domaine, et l’enthousiasme sa raison. Que si le déclin des ans venait ralentir ces poétiques palpitations et décolorer ces printanières images, même dans un autre ordre d’idées, elle se montrerait fidèle au vœu de la nature. Son style conserverait son sexe ; ce ne serait plus de l’extase et de l’abandon, mais de l’indulgence et de la bonté. Jamais, oubliant les convenances que la société impose aux femmes, elle ne prendrait en main les balances de la critique ou l’arme de la satire : un accusé de mauvaise hu-